Admirer le temps

On se tient debout sur la Place de l’église, à contempler le fleuve et les îles de Boucherville juste en face, et on se dit qu’il devait avoir la même vue à l’époque. Qui? Nul autre que Pierre Boucher, fondateur de Boucherville en 1667 (comme Boucher… et ville). C’est lui qui a fait don de ce terrain, où allaient se succéder trois églises, en 1670, 1712 puis celle-ci, Sainte-Famille, datant de 1801.

Puis, on se retourne lentement pour admirer la remarquable conservation de ce joyau patrimonial en pierres, de l’ancien couvent datant de 1890 et du vieux presbytère construit en 1896, et on peut se laisser transporter dans le temps et s’imaginer au même endroit il y a plus de deux siècles. 

À défaut, il est facile de tomber sous le charme des artistes qui présentent des spectacles certains soirs d’été devant le coucher de soleil!

Une chaire qui vaut cher

En plus d’admirer les sermons du curé à l’époque, les croyants qui allaient à la messe à l’église La Nativité pouvaient également admirer la remarquable chaire de prédication sur laquelle celui-ci se tenait. Cette imposante structure surélevée, de même que son abat-voix, son escalier et ses statues sont faits de bois sculpté – un minutieux travail qui confère aujourd’hui à cette œuvre datant de 1865 une valeur inestimable. 

On peut imaginer aujourd’hui le représentant de Dieu, debout sur sa plateforme, répandant les messages de l’évangile à un public attentif. En n’ayant jamais eu à dire « Lâche les textos, je parle! »

Décor sculptural

L’année : 1867. Tandis qu’au Canada, on s’affairait à créer… le Canada, à Montréal, à l’atelier de l’artiste Tomasso Carli, on s’affairait à créer les nombreuses et superbes statues de plâtre qui ornent aujourd’hui le chœur et les autels latéraux de l’église La Nativité.

Fait intéressant : un peu comme pour les levées de fonds aujourd’hui, ces statues ont été rendues possibles grâce à de généreux donateurs. Leur nom, gravé sur les diverses œuvres, est encore visible plus de 150 ans plus tard.

Autre fait intéressant : la statue de Marie au-dessus de celle de Saint-Joseph, tout en haut, est plutôt faite de papier mâché et ne pèse que 10 livres (environ 4 kilos). L’impressionnant résultat laisse présumer qu’il ne s’agissait pas d’un don d’une école maternelle…

Se mobiliser pour le mobilier

l est massif. Fait de bronze. Date de 1870. Et il est unique en son genre au Québec. On parle ici du maître-autel (à ne pas confondre avec maîtres d’hôtel, qui sont généralement plus jeunes et moins en bronze) situé à l’avant de l’église La Nativité.

Or, de toute évidence, cette impressionnante pièce de mobilier permanent ne fut pas facile à installer.

Importé de Paris et mis en place en 1872, le maître-autel a notamment exigé la construction d’une structure en briques, afin de pouvoir soutenir sa lourde enveloppe de bronze. Aussi, les composantes du meuble exigeaient une précision telle dans leur installation, qu’on a dû faire appel à un orfèvre montréalais renommé de l’époque, Robert Hendery.

Un homme qui, on imagine, pourrait monter un meuble IKEA les yeux fermés aujourd’hui…

Une richesse à bas prix

En entrant dans l’église La Nativité, on y constate deux magnifiques vitraux. Or, ce qui étonne encore plus que leur impressionnante beauté, leur âge et leur remarquable préservation, c’est le coût d’origine pour leur fabrication et leur installation. Attendez le punch : 400 $. Pour les deux.

Bon, oui, on peut dire que c’est en dollars de 1865. Mais même en tenant compte de l’inflation, peut-on imaginer aujourd’hui la réalisation de telles œuvres magistrales, avec toute l’expertise, toute la méticulosité, toute la main-d’œuvre et tout le temps que cela exige, pour la somme totale d’à peine… 7 500 $ en 2023? Considérant les défis et les limitations techniques de l’époque, il semble qu’on faisait des miracles ailleurs que dans la bible…

S’asseoir sur son privilège

À l’église, un banc, c’est juste un banc, non? Pas toujours. Il peut démontrer un statut particulier. Prenez celui situé en avant, à droite de l’allée centrale dans la nef de l’église La Nativité. Certainement mieux adapté aux longues cérémonies religieuses, puisqu’il est rembourré. Pourquoi? Parce qu’il était réservé à l’usage exclusif des marguilliers, soit les membres du conseil de fabrique d’une paroisse.

D’où son nom : banc d’œuvre de la fabrique. Qui sonne certainement plus impressionnant que « banc rembourré en avant à droite ». Incidemment, les marguilliers ont cessé d’exercer leur privilège postérieur il y a près de 50 ans. Le banc est-il occupé depuis sur la base du premier arrivé, premier servi?

La sainte paix

Qui était Sainte Pacifique, et comment ses ossements en sont-ils venus à aboutir dans l’église La Nativité? Selon toute vraisemblance, son nom n’est pas que le fruit du hasard. L’histoire veut en effet que cette jeune praticienne romaine eût le don non seulement de calmer les conflits, mais aussi… les flots. Un talent, avouons-le, fort utile dans un endroit comme Laprairie, aux prises avec des débordements majeurs du fleuve Saint-Laurent chaque printemps.

C’est Monseigneur Bourget qui a ramené ses restes de Rome en 1870. Ceux-ci se trouvent désormais à côté d’un gisant grandeur nature représentant Sainte Pacifique au repos éternel. On peut l’admirer en se disant que cette femme, qui a incarné la paix, repose à son tour… en paix. 

La police de la messe

Saviez-vous qu’à l’époque, l’église avait son propre agent de la paix? On appelait cette espèce de croisement entre un policier et un gardien de sécurité, un connétable. Et il avait son propre banc situé à l’arrière de l’église. Celui-ci était surélevé, ce qui permettait au connétable de surveiller les gens présents et d’intervenir lors de mauvais comportements (comme ronfler durant le sermon?) Ce banc, qui date de 1865-66, est encore là aujourd’hui.

Une autre responsabilité du connétable? Les chiens. Plus précisément, il devait s’assurer qu’aucune de ces bêtes ne pénètre dans l’église. Et pas seulement par crainte qu’elles y fassent leurs besoins. Semble-t-il qu’une telle distraction annonçait un malheur dans le village… Est-ce ce qui explique le fait que plusieurs expressions courantes font référence aux chiens de façon négative, comme « un temps de chien » ou « c’est vraiment chien »?

Les fonts du chœur

Aujourd’hui, on le sait, lors d’un baptême, le bassin, appelé font baptismal, est placé à l’avant durant la cérémonie, puis vidé et remisé. Or, jadis, ici à l’église La Nativité, les fonts baptismaux étaient fixés en place et ne pouvaient donc être déplacés. Pourquoi? Parce qu’un tuyau y était branché pour évacuer l’eau… directement dans la terre. Un peu comme un lavabo, mais sans les égouts.

Datant des années 20, ces fonts ont depuis été restaurés et sont devenus amovibles. Ce qui est plutôt pratique, puisqu’à l’époque, ils se situaient dans la sacristie. Moins évident pour prendre des photos avec la famille…

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