Ça sonne vieux

Elle date de 1767. Elle pèse quelque 600 livres (près de 275 kilos). Et elle sonne encore! 

Le clocher actuel de l’église La Nativité compte en tout quatre cloches, dont l’une fut récupérée de l’ancienne église située au même endroit. Et quand elle sonne, le son que l’on entend, eh bien, c’est le son original que nos arrières-ancêtres (du moins, ceux qui s’adonnaient à vivre à Laprairie) entendaient. 

En effet, cette cloche, l’une des plus vieilles encore en usage au Québec, demeure dans son état d’origine. Elle n’a jamais été refondue ou remodelée. Et – miracle de la technologie de l’époque – elle n’a jamais eu besoin de crème antirides.

Morts du froid

On le sait : on ne peut enterrer un cercueil au cimetière durant l’hiver. Ainsi, le corps est maintenu réfrigéré jusqu’à l’arrivée du temps plus doux. Mais que faisait-on à l’époque, avant l’invention de l’électricité? Dans le cas de l’église La Nativité (comme ailleurs), on plaçait les corps dans ce qu’on appelait un charnier (quel triste choix de mot).

Eh, bien, devinez quoi? Ce charnier existe encore. On peut le voir à droite de l’église. Mais soyez sans crainte : depuis longtemps, il ne sert qu’à être admiré. Et à frissonner en pensant à ceux qui devaient vider l’endroit le printemps venu…

Petite œuvre pour une grande dame

L’expression « à un poil », qui signifie venir très près de quelque chose, prend une signification fascinante lorsqu’il est question d’un portrait miniature de mère Marie-Rose, réalisé par l’artiste polonaise Casimira Dabrowska, que l’on peut admirer lors d’une visite du Centre.

Reconnue notamment pour avoir peint les timbres du Vatican, la miniaturiste fut sollicitée à Rome par des sœurs des SNJM pour réaliser un portrait de la bienheureuse (depuis décédée), qui lui rendrait davantage justice que celui peint par Théophile Hamel alors qu’elle était gravement malade (voir autre texte).

Ainsi, afin de produire une image qui soit fidèle à la femme lumineuse que fut Marie-Rose de son vivant, Dabrowska a eu recours à des photos de la toile de Hamel comme référence, à une surface en ivoire de 4 x 6 po, et à un pinceau… à un seul poil. Ainsi qu’à beaucoup, beaucoup de patience et de précision.

Le résultat fut à ce point convaincant et réussi qu’il a servi à produire des affiches, qui furent entre autres utilisées lors de la béatification de Marie-Rose en 1982. 

Une femme plus grande que nature immortalisée… en miniature.

Autel deux étoiles

Pour les religieuses de la maison de Fondation, déménager dans plus grand signifiait beaucoup plus que passer d’un 4 ½ à un 5 ½. Nous sommes donc en 1844. Tous les préparatifs sont prêts pour le déménagement dans un vaste bâtiment adjacent, reconverti en couvent. C’est demain. Rien n’a été oublié. Sauf…

Catastrophe : on réalise à la dernière minute qu’il n’y a pas encore d’autel dans le couvent. Une chose impensable à l’époque, particulièrement pour des femmes aussi pieuses. Ces dernières, accompagnées de l’aumônier et du sacristain, entreprennent donc de construire un autel de fortune en une seule nuit. 

Ce meuble rudimentaire, fait en bois et peint en blanc, existe toujours aujourd’hui. Il se trouve dans la salle du chapitre, une pièce historique que l’on peut visiter au Centre Marie-Rose. 

Un meuble servant à prier qui a exaucé une première prière : être prêt à temps pour le déménagement.

Une sainte et sa chaise

Une chaise est généralement un objet plutôt ordinaire. Mais si vous appreniez, par exemple, que c’était celle sur laquelle la Joconde a posé? À un niveau certes moins « de Vinci-esque », le Centre Marie-Rose possède un tel meuble d’une grande valeur patrimoniale. 

Dans les archives de la Congrégation se trouve la seule toile jamais peinte de mère Marie-Rose, qui avait toujours refusé de poser de la sorte. C’est à la demande de Mgr Bourget lui-même qu’elle a fini par accepter — alors qu’elle était gravement malade. L’œuvre fut réalisée par l’artiste Théophile Hamel.

La bienheureuse y apparaît faible et plutôt pâle (des sœurs devaient même la retenir pour éviter qu’elle ne s’effondre au sol). On la voit assise sur une chaise berçante, qu’elle a beaucoup utilisée de son vivant. 

Or, si l’on ne peut voir le portait lui-même lors d’une visite du Centre, on peut tout de même admirer la fameuse chaise qui a bercé mère Marie-Rose pratiquement jusqu’à son décès en octobre 1849 — soit quelque temps à peine après avoir été immortalisée en peinture.

Une histoire, deux Justine

Visiter des lieux comme la chapelle de la Maison de la Congrégation, c’est laisser l’Histoire raconter des histoires fascinantes. Comme celle-ci : sous l’autel de la Vierge, dans la chapelle, se trouve le gisant de cire d’une martyre, Sainte Justine, protectrice des enfants, dont les restes ont été rapportés ici de Rome en 1856. Ce gisant renferme les véritables ossements de la jeune sainte.

Or, voilà : l’histoire veut qu’une famille nommée Lacoste, dont l’aînée était gravement malade, soit venue prier devant le gisant pour demander à Sainte-Justine de sauver l’enfant, lui promettant de donner son nom à sa prochaine fille en échange d’un miracle. Or, le miracle a eu lieu, et le sixième enfant de la famille, une fille, a grandi pour devenir Justine Lacoste-Beaubien. Et qui est Justine Lacoste-Beaubien? La cofondatrice de l’hôpital Sainte-Justine, à Montréal. Un endroit qui, à son tour, fait des miracles pour sauver les jeunes enfants.

Fenêtres sur le passé

Effectuer un voyage dans le temps, comme lors d’une visite de la chapelle de la Maison de la Congrégation, c’est avoir l’occasion d’apprécier la remarquable débrouillardise et les extraordinaires méthodes employées pour réaliser des travaux avant l’arrivée des progrès technologiques.

Prenons les fenêtres, par exemple. La chapelle est située dans ce qui fut jadis (et par jadis, on veut dire autour de 1794) un hangar dépourvu de fenestration. Lors de sa conversion en lieu de culte en 1846, il est évidemment devenu nécessaire d’y laisser pénétrer un peu de lumière naturelle. On a donc fait appel à des artisans munis d’outils somme toute rudimentaires pour percer des ouvertures dans les murs de pierre — d’une épaisseur de deux pieds — pour y installer des fenêtres à ogive. 

Détail intéressant : on retrouve au bas de ces fenêtres des augets de bois littéralement creusés au couteau, dont la fonction était de recueillir l’eau de pluie et de condensation pour protéger les murs et les planchers.

Petit espace, grande solution

En visitant l’historique maison de Fondation près du Centre Marie-Rose, un constat s’impose d’emblée : c’est petit. Et même, quand on sait qu’à une époque, jusqu’à 73 personnes (sœurs enseignantes et élèves) pouvaient y habiter, très petit. Une situation qui donnait tout son sens au terme « optimisation de l’espace ». 

Les pensionnaires et les sœurs dormaient à l’étage (enseignantes d’un côté, élèves de l’autre). Or, les paillasses (sacs remplis de paille qui servaient de matelas) étaient entreposés au-dessus, dans le grenier. Évidemment, pas question d’installer un escalier qui, dans une telle situation, aurait probablement pris la place de dix lits.

La solution : une échelle à poulie, qui permettait d’ouvrir une trappe au plafond pour accéder aux paillasses. Un mécanisme que l’on peut encore admirer aujourd’hui en visitant la maison.

Est-il nécessaire de préciser que, le grenier n’étant pas isolé, ces matelas devaient être particulièrement, disons, rafraîchissants en hiver?

Avant la plomberie

Ceux et celles qui ont pu pester contre un robinet qui coule ou un évier bouché sauront sans doute relativiser lorsqu’ils admireront une pièce d’origine remarquable dans la maison de Fondation : une pierre d’eau.

Sorte d’ancêtre du lavabo actuel, il s’agit en fait d’une cuve creusée à même une pierre, que l’on remplissait d’eau (ce qui pourrait possiblement expliquer le fait qu’on l’appelait pierre d’eau. On dit ça de même). Cette eau provenait d’un puits et la cuve était remplie à la main. Un trou était percé au fond et, en enlevant un bouchon, l’eau était directement évacuée à l’extérieur via une rigole creusée à même la pierre.  

Seul évier de la maison de Fondation, la pierre d’eau était utilisée par les sœurs entre autres pour laver les légumes et la vaisselle. Idéalement pas en même temps. 

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